Antispéciste : le livre qui sert la cause animale

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Rien ne me destinait à penser un jour à ce qu’on appelle, et c’est très vaste, la « cause animale ». Comme tout le monde, cela dit, je me révoltais contre les abandons, contre les maltraitances faites aux animaux dits domestiques, et j’ai même un temps été bénévole, avec mes parents, à la SPA du coin — jusqu’à ce qu’on y adopte une chienne et que, par manque de temps, on n’y vienne plus.

Mais la réflexion portant, notamment, sur la consommation de chair animale, je ne l’avais pas. Je ne me posais même pas la question de la provenance de ma « viande » — et dieu que ce terme est creux et abstrait ! C’était fait, prêt à cuisiner, arrivé directement dans l’assiette.

J’ai commencé à entendre parler de végétarisme quand j’étais au lycée. Puis de végétalisme quand j’étais à la fac. C’était étonnant pour moi mais ça s’arrêtait là. Comme beaucoup d’autres, je ne me voyais pas arrêter mon régime omnivore : ça demandait trop d’efforts, j’aimais trop ça, etc. Bref, des excuses faciles.

Et puis une de mes amies est devenue végane — ce n’était pas que son alimentation qu’elle avait modifiée, mais bien tout son mode de vie. Et c’était si loin de mes propres habitudes que je n’ai pas pu m’empêcher, dans les mois qui ont suivi, de me questionner sur ce choix de vie : qu’est-ce qui amenait donc à de tels extrêmes ?

En 2016, j’ai eu comme une crise de conscience écologique. J’ai commencé à réfléchir à mon impact écologique, je me suis intéressée au zéro-déchet, aux modes de vie alternatifs, à la mode éthique, à la décroissance… et, de nouveau, au végéta*isme. Car s’il y a bien une chose que l’on peut facilement modifier lorsque l’on décide d’adopter un mode vie plus écologique, c’est son alimentation.

Je reviendrai sans doute en détail sur le chemin philosophique que j’ai mené mais, un an plus tard, je suis devenue végétarienne. Par souci écologique. En espérant que cela ait des effets bénéfiques sur ma santé. Et puis, petit à petit, et cela paraît inexorable, pour la cause animale.

De fait, lorsque j’ai découvert l’essai d’Aymeric Caron en librairie, j’ai sauté sur l’occasion. C’était le livre parfait pour accompagner ma réflexion, et pour aussi comprendre l’idéologie, les sentiments derrière le véganisme – car tout vrai végane, et je ne parle pas de ceux qui veulent s’y essayer pour paraître « tendance », le devient par compassion. Et tout son argumentaire découle de ce sentiment.

Aymeric Caron rédige toujours de très belles chroniques pour défendre le véganisme lorsque celui-ci est malmené par les médias. Il a une tout aussi bonne écriture dans Antispéciste. Il est facile à lire, logique, et tout son essai a le mérite d’être documenté, bien structuré et transdisciplinaire.

Il y fait état du spécisme — qui fonctionne sur le même mode que le racisme, le sexisme, etc. : c’est un principe selon lequel il existe une hiérarchie entre les espèces animales et que l’Homme, en tant qu’espèce supérieure, est tout à fait légitime à exploiter les autres. Il y présente aussi l’antispécisme, c’est-à-dire le refus de cette domination et de l’exploitation qui en découle. Parce que pour les véganes, elles n’ont pas de sens et sont cruelles.

Pour étayer son propos, il parle de biologie, puis de droit, puis de politique, puis de religion, afin de montrer à quel point notre société est spéciste et de quelle façon elle diffuse cette idée, les préjugés qui l’accompagnent. Il montre ensuite à quel point cela crée des souffrances : il parle de l’élevage, des abattoirs, des zoos, des cirques — bref, toutes les formes d’exploitation de l’animal pour le confort ou l’usage de l’humain.

Bien sûr, comme toute idéologie, le véganisme a ses courants, et l’auteur n’est pas en adéquation avec tous. C’est d’autant plus intéressant pour les personnes qui n’en sont pas adeptes, comme moi, parce qu’il prend tout de même le temps d’expliciter le point de vue des différentes têtes de file avant de donner son avis. On comprend donc le mécanisme de pensée de ces courants, on se fait également son propre avis. Et, éventuellement, on change à son tour de mode de vie.

Ce que j’ai particulièrement aimé dans cet essai, c’est que la philosophie y tient une grande place, l’argumentation est presque littéraire, elle est dénonciatrice mais surtout emprise d’empathie. Et c’est un sentiment qui fait du bien.

C’est aussi un essai très détaillé, qui donne des chiffres, qui décrit le fonctionnement du « système », ce système qui fait des animaux de simples produits.

Enfin, c’est un manifeste, plein d’espoir et d’idéalisme, où l’auteur s’essaie à imaginer ce qu’il appelle la « République du Vivant », où l’Homme n’exploiterait plus les autres espèces animales et où ces dernières auraient des droits, dont le droit inaliénable à la vie.

Bref, vous ne deviendrez peut-être pas végane après avoir lu cet essai mais vous comprendrez mieux ce qui pousse certains à le devenir. Et plus encore, vous aurez l’opportunité de réfléchir à la cause animale. Et de vous positionner vis-à-vis d’elle.

Je recommande.


Antispéciste, Aymeric Caron — Don Quichotte, 2016

2 commentaires sur “Antispéciste : le livre qui sert la cause animale

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  1. Le propos est intéressant et tout à fait d’actualité. C’est tout à ton honneur d’avoir eu ce sursaut de conscience écologique. Si chacun pouvait faire de petites modifications ( à commencer par le tri par exemple) ce serait déjà une belle voie d’emprunter!

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