Le lecteur de cadavres : un policier médiéval et chinois qui mêle complot impérial et médecine légale

Je l’avais dit dans la toute première chronique de ce blog : je n’aime pas franchement les policiers. Ou alors il faut qu’ils soient historiques, dans une société et une époque qui me donnent envie… et c’est le cas du Lecteur de cadavres, roman écrit par Antonio Garrido, traduit par Nelly et Alex Lhermillier et publié chez Grasset en 2014.

Il s’inspire d’un personnage historique considéré comme le premier médecin-légiste de l’Histoire : le chinois Cì Song, ayant vécu aux XIIe et XIIIe siècle. Le milieu du Moyen-Âge en Asie, rien que ça. Autant dire que le dépaysement est complet ! Mais heureusement, l’auteur a ajouté au livre une note qui explique son précédé artistique, un glossaire et une bibliographie conséquente.

L’histoire se concentre donc sur Cì, alors qu’il vient d’avoir vingt ans. Fils de fonctionnaire, il a commencé de brillantes études qu’il doit interrompre à la mort de son grand-père : en effet, les rites confucianistes veulent que la famille cesse de travailler à la capitale, Lin’an, et reparte sur les terres familiales, à la campagne, pendant trois ans. Cì, qui se destinait à une carrière de juriste, se retrouve obligé d’aider son grand-frère maltraitant au champ, jusqu’à ce qu’il y retrouve un corps et que son frère soit désigné comme assassin…

Les malheurs s’accumulent alors : Cì perd coup sur coup les membres de sa famille et se retrouve obligé de voler une grosse somme d’argent pour survivre, et donc de fuir… Direction Lin’an, où il tente de refaire sa vie – et surtout d’échapper à la misère.

Le roman est conséquent – un peu plus de 600 pages – et pourrait presque entrer dans la catégorie « tranche de vie » car on y suit le protagoniste sur presque trois ans. Et on s’y attache : il est droit, généreux, intelligent, démontre un talent certain pour lire les corps, monter des hypothèses sur les décès… et rien ne va dans sa vie. Chaque fois qu’une lueur d’espoir se met à briller, c’est pour qu’il retombe plus durement. Et toute la tension du récit se trouve là.

Sa force est aussi de nous donner à voir une autre civilisation, à une autre époque, et qui pourtant dans son système de classes et ses préceptes n’est pas si éloignée de la nôtre. Cela m’a presque rendue fataliste, car le modèle capitaliste qui y est dessiné paraît inexorable. À l’inverse, n’étant pas une grande connaisseuse du confucianisme, certains rites et raisonnements m’ont surprise – mais c’est très bien transmis, et le texte est en ce sens très didactique.

Pour l’instant ma meilleure lecture 2021. J’ai été tenue en haleine jusqu’à la dernière page. Et j’étais véritablement déçue que l’histoire se termine. Un policier mené de main de maître, avec un complot impérial à la clé à l’aube d’une découverte terrible : l’arme à feu.


Le lecteur de cadavres – Antonio Garrido

Grasset – 2014

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