Miss Bengalore : une adaptation d’Orwell inspirée par Gandhi

Je ne lis pas (ou plus) énormément de bandes dessinées… mais celle-là, difficile de passer à côté ! Déjà à cause de sa couverture, avec ce taureau gigantesque qui prend toute la place de la pièce et toise cette minuscule chatte blanche ; et parce que le nom de la série, Le château des animaux, est intriguant. Ni une, ni deux, j’ai emprunté les deux premiers tomes !

Je vous parle donc aujourd’hui du premier opus, Miss Bengalore, écrit par Xavier Dorison, illustré par Félix Delep, et publié aux éditions Casterman en 2019. Il est tiré du roman La ferme des animaux de George Orwell. Sauf que les humain·es ont ici déserté non pas une ferme, mais un château. Et que la révolution va se faire et se vivre entre animaux.

Ce premier tome, en ce sens, met directement dans le bain puisqu’il s’ouvre sur l’exécution d’une poule ayant cherché à cacher l’œuf qu’elle avait pondu alors qu’elle devait le livrer, en guise d’impôt, au président Silvio, le fameux taureau de la couverture. Elle est condamnée à être dévorée par les chien·nes qui constituent la garde du tyran.

Miss B, personnage principal, est une chatte veuve et mère de deux chatons. Elle remplace son défunt mari dans les travaux les plus durs pour payer son « tribut » et espérer avoir de quoi se chauffer et manger un minimum.

Car tous les animaux sont tenus d’entretenir le château et les cultures alentour pour avoir ainsi de quoi payer leurs impôts — il s’agit en fait de rafler ce qu’ils produisent et trouvent : nourriture, bois, laine… En échange, ils ont droit à une maigre monnaie et à du petit-bois.

Miss B est épuisée, désespérée, compatissante, comprend bien l’injustice du système dans lequel elle vit, où les chien·nes ont tout pouvoir sur les autres et en abusent, où Silvio reste bien au chaud toute la journée à se vautrer dans les bonnes chères et la luxure tandis que la majorité trinque à l’extérieur, quelle que ce soit la période de l’année.

Les animaux n’osent pas se rebeller, de peur des représailles. Mais trois événements vont changer la donne : la martyre de trop ; la venue au château d’un comédien itinérant qui a bien connu Gandhi ; et la solidarité qui commence à se former entre des animaux séparés jusque-là par les préjugés qu’ils avaient les uns sur les autres…

Sans conteste, cette série s’adresse à un public adulte : si le trait de dessin, tout en rondeurs, donne la plupart du temps aux images un air doux, certaines cases sont extrêmement crues et violentes. Le travail de colorisation est superbe même si le rendu, à l’impression, manque un peu de contraste. Le rythme est cohérent, on ne s’ennuie pas, et on a envie de savoir si les animaux vont oui ou non se rebeller ; ce qu’il va advenir d’eux ; et où sont les humain·es disparu·es…

Un excellent début pour cette série que je recommande chaudement.


Le château des animaux, tome 1 : Miss Bengalore – Xavier Dorison et Félix Delep

Casterman – 2019

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