La dernière fois, je vous parlais du premier tome de la série de bande dessinée adulte Le château des animaux, publié en 2019 aux éditions Casterman. Le deuxième tome, Les marguerites de l’hiver, est paru en 2020 — et j’attends avec une impatience grandissante le prochain…
C’est l’hiver, au château. Des animaux disparaissent mystérieusement et pour pallier le manque de main-d’œuvre, Silvio, le taureau-tyran, fait trimer ses sujets encore plus que d’habitude, sans les rémunérer davantage.
Mais l’espoir transparaît par endroits : Miss B., la chatte héroïne du premier tome, devient la figure de proue d’une résistance pacifique, sous le mentorat d’Azélar, un vieux rat saltimbanque qu’elle cache et qui se remet des représailles de la garde de Silvio. Il lui enseigne la doctrine de Gandhi.
Les animaux montrent leur désapprobation face au régime en place par l’Art — des dessins dans la neige, par exemple, qui rappellent ses nombreuses victimes —, l’humour — en s’amusant à frapper un seau à l’effigie de Silvio —, en organisant des grèves et des manifestations pacifiques où les animaux s’assoient en silence toute la journée…
En privant Silvio des produits de leur labeur, les animaux espèrent le faire flancher. En refusant la violence, ils se donnent plus de chances de tous s’en sortir vivants. En demandant des négociations et en refusant le chantage, ils inversent la balance des pouvoirs.
Cette histoire est extrêmement intéressante pour en savoir plus sur le pacifisme et la non-violence. La progression de la révolution, le changement des mentalités au sein de la collectivité que forment les animaux fait véritablement écho à la manière dont nos sociétés humaines fonctionnent.
À l’inverse, cette stratégie suppose de l’endurance et de la solidarité, et ce tome a l’heur de montrer à quel point ce genre de luttes reste fragile. Le basculement dans la violence peut apparaître n’importe quand. Et l’histoire met extrêmement bien en lumière la manière dont les dirigeants usent de stratagèmes pour influencer les « masses » : manipulation, détournement de l’attention, storytelling, boucs émissaires…
Le dessin est toujours aussi agréable ; les personnages, toujours aussi attachants ; l’histoire, toujours aussi accrocheuse. On se donne rendez-vous à la sortie du prochain tome. En attendant, débutez cette série sans hésiter !
Le château des animaux, tome 2 : Les marguerites de l’hiver — Xavier Dorison et Félix Delep
Casterman — 2020
kiryelles.wordpress.com 